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Le parcours d'Arfou Saley Baouna dans la conservation des éléphants au Niger

Photo du rédacteur: EPI SecretariatEPI Secretariat

Notre ami du mois est M. Arfou Saley Baouna, inspecteur des eaux et forêts à la Réserve naturelle nationale de Kandadji (RNNK) à Tillabéri, au Niger. Outre son rôle central au sein de la réserve, M. Baouna représente également le Niger au sein de l'organe de gestion de la CITES, contribuant ainsi aux efforts du pays en matière de conservation de la faune et de la flore sauvages et de mise en œuvre des réglementations internationales relatives au commerce des espèces menacées.


Arfou lors de la SC78 CITES a Genève, Suisse le 2025 Niger


Parlez-nous un peu de votre éducation et de votre parcours. Plus précisément, où est née votre passion pour la conservation de la faune sauvage? 


Je m’appelle Arfou Saley Baouna, j’ai 44 ans de nationalité nigérienne. Je suis marié et père de deux mignons garçons. Je suis Ingénieur des Techniques forestières (nomination administrative). Je fais partie  de la 14-ème Edition (2022-2023) de Master en conservation et gestion des espèces de faune et de flore menacée d’extinctions faisant l’objet de commerce international ( CITES) de l’université d’Andalusia en Espagne. Je suis également titulaire d’un diplôme d’inspecteur des Eaux et Forets de l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts de Dinderesso au Burkina Faso. Depuis 2012, je fais partie des cadres de l’administration nigérienne et relève du Corps des Eaux et Forêts sous la tutelle Ministère en charge de l’Environnement. J’occupe actuellement la fonction de conservateur de la Reserve Naturelle de Kandadji et du Sanctuaire des Hippopotames. 


Ma passion pour la conservation de la Nature en général et de la Faune en particulier remonte en 2011 (avant mon intégration à la fonction publique) où je travaillais comme volontaire dans une ONG internationale dont sa zone d’intervention est le Parc W du Niger et sa périphérie. Dans le cadre de la mise en œuvre des activités du projet, nous avons réalisé des missions à l’intérieur du Parc National W ce qui nous a permis d’observer des espèces de faune et son habitat. Aussi, nous avons découvert le niveau d’implication des communauté riveraines dans la conservation et la gestion de l’aire protégée et de ses ressources. Cela m’a créé en moi une inspiration de continuer à travailler dans le domaine de la conservation une fois mon incorporation dans le corps des Eaux et Forêts. Pour ce faire, après mon intégration, j’ai formellement sollicité auprès de ma hiérarchie d’être affecte au Parc National du W Niger et d’apporter ma modeste contribution à sa gestion. Ce qui m’a permis d’être affecte en 2013 au Parc W en qualité d’Adjoint au Chef service Aménagement où j’ai servi durant 4 ans.  Cette passion continue en moi car j’occupe actuellement la fonction de conservateur d’une autre aire protégée faunique au Niger. 


Arfou, lors d’une pose de camera piege dans le cadre du suivi-eco 'PN Pendjari au Benin en 2026'
Arfou, lors d’une pose de camera piege dans le cadre du suivi-eco 'PN Pendjari au Benin en 2026'

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre rôle au sein de l'autorité de gestion de la CITES pour le Niger? 


La Convention CITES est en vigueur au Niger depuis le 8 décembre 1975 et, depuis 2023, le pays est classé dans la catégorie II pour ses efforts de mise en œuvre de la convention. Dans le cadre de mes fonctions, j'assiste l'autorité de gestion de la CITES au Niger en examinant les demandes de documents commerciaux, en fournissant des conseils techniques, scientifiques et juridiques et en assurant le suivi des notifications du Secrétariat de la CITES. Je participe également à des réunions, ateliers et sessions liés à la CITES et contribue à la production de rapports annuels sur la mise en œuvre de la CITES et la prévention des crimes contre les espèces sauvages.


Pour en savoir plus sur votre travail avec le Réseau ouest-africain de conservation, expliquez-nous l'accord que vous avez signé avec les parcs nationaux nigérians.


Le 27 octobre 2023, le Réseau ouest-africain de conservation (WACN) a signé un accord de cogestion de 31 ans avec le Service des parcs nationaux du Nigeria pour soutenir la restauration et le développement du parc national du lac Kainji. Ce partenariat représente un engagement à long terme pour revitaliser les écosystèmes du parc et assurer sa durabilité. Dans le cadre de cet accord, le WACN et le Service national des parcs travailleront en collaboration pour transformer le parc national du lac Kainji en une zone de conservation prospère. Notre vision commune est d'améliorer les populations d'animaux sauvages, de renforcer les efforts de conservation et de faire du parc une zone protégée économiquement autonome. En mettant en œuvre des pratiques de gestion stratégiques et en encourageant l'engagement des communautés, nous visons à restaurer l'intégrité écologique du parc et à en faire un modèle de réussite en matière de conservation en Afrique de l'Ouest.


En outre, je suis formateur national sur la criminalité liée aux espèces sauvages, j'organise des formations pour les agents de contrôle et je sensibilise les utilisateurs aux réglementations de la CITES et aux procédures légales du commerce des espèces sauvages. Je participe également à la rédaction et à la révision des textes réglementaires conformes à la CITES. De plus, je prépare les dossiers d'enregistrement des espèces inscrites à la CITES et je coordonne la participation des délégués du Niger aux événements internationaux de la CITES, y compris la Conférence des Parties (CoP).


En ce qui concerne la conservation des éléphants, le Niger a fait des progrès notables. Parmi les principales réalisations, on peut citer des mesures législatives solides qui assurent une protection complète des éléphants et de leurs habitats, telles que la loi 98-07 sur la réglementation de la faune sauvage, la loi 2019-047 (loi CITES) et la stratégie nationale de conservation des éléphants. Les efforts de lutte contre le braconnage ont également donné des résultats positifs, notamment la récente condamnation de braconniers d'éléphants. La participation collective des principales parties prenantes, telles que la police, les douanes, la gendarmerie et le pouvoir judiciaire, à la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages a joué un rôle déterminant dans ces succès.



Arfou à cote d’une Carcasse de buffle abattu par un groupe de lion non loin de la base Tapoa le 17/03/ 2015 au PNW Niger
Arfou à cote d’une Carcasse de buffle abattu par un groupe de lion non loin de la base Tapoa le 17/03/ 2015 au PNW Niger

Quel a été l'impact de la réglementation de la CITES sur les efforts de conservation des éléphants au Niger?


La réglementation de la CITES a eu un impact significatif sur les efforts de conservation des éléphants au Niger. Elle a joué un rôle crucial dans le renforcement de la lutte contre le commerce illégal d'espèces sauvages, en particulier le trafic d'ivoire, en fournissant un cadre juridique pour la surveillance et le contrôle des activités de commerce d'espèces sauvages. Ces réglementations ont permis aux principales parties prenantes du pays, notamment les agences gouvernementales, les forces de l'ordre et les communautés locales, d'agir plus efficacement contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Le cadre établi par la CITES a également permis de garantir que le commerce des espèces sauvages reste légal, durable et étroitement réglementé, contribuant ainsi à la protection à long terme des populations d'éléphants et de leurs habitats au Niger.


Comment vous assurez-vous que les communautés locales participent aux efforts de conservation et comprennent l'importance de la protection des éléphants, malgré le conflit entre les hommes et les éléphants?


J’ai eu la chance de travailler sur les conflits homme éléphant dans la périphérie du parc w du Niger lors de mon mémoire de fin d’étude pour l’obtention de mon diplôme d’Inspecteur des eaux et forets en 2019. Et cela m’a permis de comprendre scientifiquement que l’une des origines des conflits sont pressions anthropique sur l’habitat des pachydermes a trav ers l’avancée du front agricole. Aussi les effets du changement climatiques contribue a l’expansion de ces conflits a travers l’asséchement précoce des points d’eau à l’intérieur du parc, la dégradation de l’habitat, les forte température etc. et cela pousse les animaux a fréquenté la zone du fleuve ou habite certaines communautés de la périphérie et leurs installation agricoles et apicole.


Un éléphant pris en photo le 28/03/ 2015 au PNW Niger
Un éléphant pris en photo le 28/03/ 2015 au PNW Niger

Selon vous, quel est l'avenir des éléphants au Niger si les tendances actuelles se poursuivent?


Le principal défis qui pèse sur la conservation des éléphants au Niger et dans notre sous-région est l’insécurité occasionnant des impacts énormes au efforts de la conservation et la gestion de nos aires protégées. Cette situation offre également l’opportunité aux ennemis de la nature pour réaliser leurs forfaitures (Braconnage) sur les espèces sauvages dont l’éléphants. 


Y a-t-il eu un moment ou une expérience particulière dans votre carrière qui a profondément influencé votre passion pour la protection de la faune?


Mon séjour (4ans) au parc national W du Niger permis de visiter l’ensemble du bloc écologique WAP et d’être émerveiller du trésor naturel que nos pays regorgent en termes de diversité faunique et des services qu’elles aux communautés riveraines. Cette expérience à créer en moi un attachement et un engagement considérable pour la conservation et la protection de cette faune qui est fait à des énormes défis.

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