Notre amie du mois est le lieutenant-colonel Amandine Gnido Assogba Deleke, l'actuel point focal du EPI pour le Bénin, et docteur (PhD) en écologie de la conservation et professionnellement, la directrice de la faune, de la biodiversité et de la conservation de la nature (DFBCN) à la Direction Générale des Eaux, Forêts et Chasse du Bénin (DGEFC). Le Bénin est membre de l'Initiative pour la protection des éléphants depuis 2020.
Portrait du lieutenant-colonel Amandine Gnido Assogba Deleke
Veuillez-vous présenter brièvement en expliquant à l’auditoire ce que vous faites professionnellement
Je réponds au nom de Amandine Gnido ASSOGBA DELEKE, actuelle Point Focal Titulaire EPI pour le Bénin. Je suis docteur (PhD) en écologie de la conservation et Professionnellement, Conservateur de Première Classe des Eaux, Forêts et Chasse, Directrice de la Faune, de la Biodiversité et de la Conservation de la Nature (DFBCN) à la Direction Générale des Eaux, Forêts et Chasse du Bénin (DGEFC. La Direction Technique que je dirige contribue à l’atteinte des objectifs de la DGEFC à travers la promotion et la mise en œuvre les stratégies de conservation de la diversité biologique en collaboration avec les autres entités spécialisées (Inspection Forestières, Universités, Organisations de la Société Civile, ONG, etc.); l’organisation la gestion rationnelle des feux de végétation; la proposition des stratégies et plans de sauvegarde des aires protégées y compris les aires marines, des zones humides; le suivi et la capitalisation des résultats de la gestion des réserves de faune.
Nous sommes chargés de veiller au respect des procédures et normes d’exploitation des ressources naturelles ; de veiller au respect des mesures, normes et procédures d’importations des espèces de faune, de flore et des produits forestiers dérivés; de participer à la promotion des systèmes améliorés de production et de la gestion conservatoire des eaux et des sols, de suivre la mise en œuvre des activités relatives à la convention sur le commerce international des espèces de flore et de faune menacées d’extinction. En tant que forestier, je suis très attachée à la foresterie sociale et aux processus participatifs tels que mis en œuvre dans les différentes forêts classées au Bénin.
Parlez-nous de vos origines de votre parcours et de l’influence qu’il a sur votre passion pour, la flore et la flore sauvages ou la conservation
Je suis née à Natitingou au nord-ouest du Bénin et originaire du département du Zou, précisément de la ville historique d’Abomey. En effet, je suis naturellement passionnée de la nature, ceci grâce à mon père qui aimait beaucoup la chasse sportive et les voyages en tant qu’inspecteur de l’enseignement primaire d’alors. C’est ce dernier qui m’a donnée ce goût à l’amour que j’ai pour la faune et la flore. Ceci a été renforcé par mon parcours académique et professionnel. Après l’obtention du diplôme d’ingénieur forestier, j’ai été admise dans le corps des eaux, forêts et chasse, quelques années plus tard, j’ai eu un master professionnel en Gestion des Ressources Naturelles et de la Biodiversité et par la suite un doctorat en écologie et conservation des espèces à l’UAC en 2018. Mon parcours professionnel aux Eaux, Forêts et Chasse m’a permis de comprendre beaucoup de choses de la vie active en lien avec l’environnement et plus précisément la Gestion des Ressources Naturelles. Vous vous rendez compte avec moi que, l’environnement est perturbé par sa dégradation au quotidien et on assiste à la perte accrue de la biodiversité. Si rien n’est fait, les générations futures auront difficilement connaissance de certains espèces sauvages clefs constitutifs de ce monde d’où ma motivation à œuvrer choisir une carrière dans la conservation de la faune et ou la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages.
Lieutenant-colonel Amandine inspectant une pépinière
Quelles sont les expériences les plus mémorables que vous avez vécu en travaillant pour la protection des espèces sauvages menacées d’extinction et surtout des éléphants?
Un des moments les plus mémorables de ma carrière a été le jour où j’ai accompli mon devoir de bon citoyen en appliquant la règlementation en vigueur face aux détenteurs illégaux de bois d’espèces autochtones menacées d’extinction tels que le Pterocarpus erinaceus et Afzelia africana ce qui a valu une félicitation de la part de mon ministre d’alors Mme Juliette BIAOU KOUDENOUKPO et aussi lorsque j'ai contribué à une opération de saisie d'une importante cargaison de spécimen (d’ivoire d’éléphants en provenance d’un de nos parcs, d’aileron de requin, de scorpions Pandinus imperator et de grue couronnée) destinées à être vendues illégalement. Ce fut une opération complexe et risquée, mais la coordination entre les organisations non gouvernementales et la communauté locale a permis de stopper ce trafic. Voir les résultats concrets de nos efforts et savoir que nous avions sauvé de nombreuses vies animales a été une expérience profondément gratifiante.
Il s’est avéré que malgré les multiples efforts fournis dans le cadre de la protection de l’éléphant, sa sécurité et la restauration de son habitat restent sous la menace du braconnage. La stratégie élaborée en 2025 pour la conservation de cet animal emblématique s’est fixé cinq objectifs, à savoir:
connaitre les populations d’éléphant,
mettre en place un système efficace de surveillance des aires vitales et corridors de migration de l’espèce,
promouvoir les systèmes de gestion qui assurent l’accroissement des populations d’éléphants du Bénin,
renforcer la coopération régionale et internationale en matière de gestion de l’espèce et
développer les capacités des acteurs pour une gestion durable des populations d’éléphants, de leurs habitats et de leurs couloirs de migration.
Les efforts consentis par EPIF depuis 2020 aux Bénin couplés aux mesures nationales de gestion des aires protégées ont certainement contribué à l’accroissement de la population d’éléphants et à sa stabilisation, même si ces derniers mois, des actes déplorables de braconnage ont été enregistrés.
Les éléphants au Bénin
Au cours de votre mandat, vous avez été à l’avant de la recherche et des politiques visant à créer des communautés saines, équilibrées et auto génératrices ou les animaux et les hommes vivent en harmonie. Qu’est-ce qui vous tient le plus à cœur et pourquoi? Dites-nous en plus.
Ce qui me tient le plus à cœur et me motive dans la conservation des espèces est mon désir de protéger l’environnement et de faire une différence dans le monde. En effet, je suis naturellement passionnée de la nature et la protection de l’environnement pour moi fait partie des préoccupations majeures du gouvernement béninois. Comme exemple, la zone côtière du Bénin abrite une biodiversité importante et cette diversité se concentre beaucoup plus dans les aires protégées avec des menaces qui pèsent sur leur conservation. Ces menaces incluent l’expansion des feux de végétation, l’élevage extensif, l’extraction abusive des peuplements ligneux, la pratique de la transhumance caractérisée par le surpâturage, l’épandage des pesticides, l’intensification des activités de braconnage et l’expansion agricole. A celles-ci s’ajoutent le changement climatique et un cadre institutionnel et réglementaire peu approprié.
Au cours de votre expérience de coordination de projets de conservation au Bénin, quels sont les obstacles auxquels vous avez été confrontés au niveau communautaires ou social lorsqu’il s’agit de protéger l’éléphant d’Afrique?
Les difficultés de mise en œuvre des politiques et stratégie en matière de conservation des écosystèmes naturels et le manque de financement pour la gestion des conflits Homme-Eléphant. A cela s’ajoute, le manque d’équipements appropriés pour faire face aux défis complexes de la surveillance et de la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages.
D’un point de vue personnel, quels sont vos rêves et vos ambitions pour la conservation des écosystèmes du Bénin?
Ils sont multiples. Je peux citer par exemple:
la conservation de l'ensemble de la biodiversité du Bénin dans un système de réserves de faune;
la gestion efficace et efficiente des réserves de faune;
la recherche de financement durable des réserves de faune et leur utilisation judicieuse;
la mise en œuvre efficience des stratégies de conservation durable sur toute l’étendue du territoire national.
Comments