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Vivek Menon

Notre ami du mois de novembre est Vivek Menon d’Inde. Vivek est le fondateur et directeur exécutif du Wildlife Trust of India, et également président du Groupe de spécialistes de l’éléphant d’Asie de l’UICN. Nous lui avons demandé comment les spécialistes des éléphants d’Asie et d’Afrique peuvent travailler ensemble.


Pourriez-vous nous parler de la région où vous avez grandi et si la faune sauvage avait une importance pour vous quand vous étiez enfant ?

Bien que je sois originaire du sud de l’Inde avec ses forêts et ses éléphants (ce qui me donne peut-être une prédisposition génétique pour le gentil géant), j’ai passé une bonne partie de ma jeunesse dans les plaines du nord du Pendjab, à l’ombre de l’Himalaya. Nous avons fait des randonnées scolaires dans les montagnes. C’est là que mon amour indéfectible pour la Nature a pris racine, ainsi que mon désir de la protéger.


Vous êtes une figure de proue de la conservation en Inde depuis un certain temps. Au risque de généraliser, diriez-vous que les attitudes de la population envers la conservation ont changé en Inde au cours des dernières décennies ? J’ai consacré près de trois décennies et demie à la conservation. Il est intéressant de noter que les attitudes de la population envers la conservation n’ont pas vraiment changé. L’Inde où j’ai grandi avait une forte éthique de la conservation, et même si elle s’est peut-être un peu effilochée (qu’est-ce qui ne l’a pas été en 35 ans ?), elle ne s’est pas du tout émoussée. Le sentiment populaire en faveur de la faune sauvage et de la Nature est toujours très favorable. Pendant ce temps, j’ai vu apparaître une volonté croissante pour la sauvegarde de la Nature en Occident, mais une tendance à la baisse dans de nombreuses régions des pays du Sud. Même en Inde, la volonté politique a décliné. Mais je ne dirais pas que la volonté populaire a décliné.


Vivek Menon avec des bébés éléphants.

L’Afrique et l’Asie ont toutes deux connu des succès et des revers dans leurs efforts pour sauver leurs éléphants. Pouvez-vous faire des suggestions dont elles peuvent apprendre les unes des autres dans la conservation des éléphants ? Je pense que la collaboration ou la coopération Sud-Sud est si importante dans la conservation de la Nature. L’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine ont tant à apprendre et à partager. Lorsque j’ai pris la présidence du Groupe de spécialistes de l’éléphant d’Asie, la première chose que j’ai faite fut d’inviter les responsables de la conservation de l’éléphant d’Afrique à une réunion. Ils nous ont rendu la pareille quand nous nous sommes rencontrés. Il est important que nous nous rencontrions à tous les niveaux, pour renforcer ce sentiment de fraternité. Perte d’habitat, braconnage commercial ou conflit homme-éléphant. Quelle est votre plus grande inquiétude en ce qui concerne les éléphants indiens ? Et bien en Inde, c’est actuellement le CHE qui me dérange le plus. 400 à 500 personnes sont tuées chaque année par des éléphants et 100 à 200 éléphants sont tués par des humains. La dégradation et la perte de l’habitat sont l’une des principales raisons du CHE et les deux sont donc indissociables. Le braconnage n’a rien de comparable même s’il doit être surveillé en permanence pour qu’il ne montre plus sa vilaine tête, comme au milieu des années 90. Tigres, rhinocéros, lions et éléphants : vivront-ils encore à l’état sauvage en Inde dans 50 ans ? Bien sûr. Sans aucun doute. Nous avons 65 % des tigres dans le monde et le nombre est en hausse, 65-70 % des éléphants d’Asie, en nombre constant, 85 % des rhinocéros unicornes et le nombre est en hausse et 100 % des lions d’Asie. Je peux vous affirmer que ces animaux seront toujours là dans 100 ans. Je ne suis pas aussi confiant pour les espèces inconnues, les espèces moins charismatiques et celles qui sont très spécialistes. Trois sur quatre sont des généralistes extrêmement charismatiques et même pour le rhinocéros, qui est un spécialiste préhistorique, les présages sont bons en Inde. Enfin, Vivek, j’ignore le nombre de voyages que vous avez effectué en Afrique. Mais pourriez-vous nous parler d’un endroit particulièrement merveilleux que vous avez visité en Afrique… et aussi peut-être d’un endroit en Afrique où vous n’êtes pas encore allé… mais que vous rêvez de visiter ? J’ai beaucoup voyagé en Afrique et j’ai passé du temps au Kenya en 1996 à travailler avec le Kenya Wildlife Service (KWS) sur le recensement des éléphants avec Iain Douglas-Hamilton. Mes souvenirs du Kenya, la découverte de Samburu avec les Douglas-Hamilton, de Tsavo (où nous avons amené un rhinocéros) et d’Amboseli (les longs trajets avec Cynthia Moss et ses éléphants, et le Kilimandjaro enneigé), seront toujours particuliers. J’aimerais passer plus de temps en Afrique occidentale et centrale avec les éléphants de forêt. C’est mon rêve pour le moment.

Vivek dans le parc national de Kaziranga en Inde, où les éléphants sont utilisés pour des patrouilles anti-braconnage et pour contrôler les conflits homme-faune sauvage.

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