Notre ami du mois est Tunde Morakinyo, fondateur de Africa Nature Investors, qui œuvre pour la protection de certains des sites sauvages et des derniers éléphants du Nigéria.
Vous avez partagé votre vie entre le Nigéria et le Royaume-Uni… Est-ce vos expériences britannique ou nigériane qui vous ont transformé en défenseur de l'environnement? Ce fut mon enfance au Nigéria qui a fait de moi un écologiste passionné. Mes parents emmenaient mon frère, ma sœur et moi faire des excursions chaque week-end dans une réserve forestière, près d'une cascade, dans un parc national ou pour gravir une montagne. En vieillissant, j'ai pris conscience de la destruction des forêts au Nigéria et du fait que personne ne semblait rien y faire. J'avais 16 ans quand j'ai décidé d'aller travailler pour sauver les forêts du Nigéria. Plusieurs décennies plus tard, je suis toujours aussi passionné par la conservation!
Votre ONG, Africa Nature Investors, se consacre à la revitalisation d’un parc national et d’une réserve forestière au Nigéria… Dites-nous pourquoi ces lieux sont spéciaux. Gashaka Gumti est le plus grand parc national du Nigeria et l’un des plus spectaculaires. La plus haute montagne du Nigeria, Chappal Waddi, s'y trouve ainsi que des forêts pluviales sur une chaîne de montagnes dans la partie sud du parc et des savanes dans la partie nord qui abritent de nombreuses espèces sauvages. La réserve forestière d'Omo se trouve juste au nord de Lagos et abrite environ 60 à 80 éléphants. C'est incroyable qu'ils aient réussi à survivre. Gashaka et Omo méritent d'être sauvés pour que tous les Nigérians puissent en profiter.
Il ne reste que quelques centaines d'éléphants au Nigéria… Y a-t-il un espoir de pouvoir les conserver? Le sort des éléphants du Nigéria est vraiment sérieux. Il y a 4 ou 5 populations dispersées. Tous sont menacés par le braconnage et la déforestation. Cependant, je crois que les choses se passent de mieux en mieux grâce à l’adhésion du Nigéria à l'EPI. Il existe une chance d’attirer des fonds importants pour la protection des éléphants au Nigéria et une volonté politique croissante s’exerce dans le pays. Des moments passionnants!
"La conservation de la vie sauvage est une priorité nationale plus grande en Afrique orientale et australe qu'en Afrique occidentale". Vérité malheureuse ou perception erronée? Humm… une question délicate. Oui, la conservation de la faune est une priorité politique plus grande en Afrique orientale et australe. Cela s'explique par le fait que les éléphants et les aires protégées d'Afrique orientale et australe génèrent des revenus grâce au développement du tourisme. Je pense que la survie des éléphants d’Afrique de l’Ouest sera déterminante pour que les aires protégées deviennent économiquement pertinentes pour les pays où elles se trouvent. Les aires protégées ont besoin d'investissements pour générer des revenus et créer des emplois pour les populations locales.
Le Nigeria a une réputation quelque peu intimidante pour de nombreux étrangers… comment le vendez-vous à un visiteur potentiel qui s'y rendrait pour la première fois?! Je pense que le Nigéria a une réputation vraiment injuste. De nombreuses personnes se rendent au Nigeria et tombent amoureux du pays. La clé pour visiter le Nigéria est d'être accompagné par une personne qui peut vous faire visiter. C'est également le cas de la capitale Lagos qui peut être réellement divertissante malgré sa taille. Ce que beaucoup ne réalisent pas, c’est qu’en dehors des villes, il y a des paysages incroyables et des lieux sauvages spectaculaires (comme Gashaka) avec des habitants qui mènent encore une vie rurale très sobre, comme dans la plupart des pays africains. Et il y a l'énergie et la gentillesse des nigérians qui me manquent toujours quand je suis de retour au Royaume-Uni.
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